Confrontation de cette fameuse date qui aurait vu l’exécution de Jaques Stephen Alexis et de ses compagnons

mon chapeauPour avoir beaucoup consulté le livre de Daniel Supplice et apprécié sa netteté,  jamais, ainsi que je vous l’ai affirmé hier,il ne m’était  venu à l’esprit de nourrir un quelconque doute quant à cette date du 22 avril avancée par lui pour avoir vu cette exécution cruciale.Dans ma compulsion attentive des éditions du mois d’avril 1961 du quotidien Le Nouvelliste cependant, ne voila-t-il pas qu’un beau soir,  je tombe ahuri, dans le numéro en date du Lundi 24 avril 1961,  sur l’articulet suivant, lequel, vous pensez bien, ne manque de jeter chez moi la plus vive confusion :

 Est-ce une simple rumeur ?

Pour notre part, nous avons été officieusement informés du fait. Mais une rumeur persistante voudrait que cinq haïtiens, parmi eux certains de ceux qui avaient participé au « hold up en plein ciel » qui devait couter la vie au regretté pilote Eberle Guilbaud, auraient été capturés en fin de semaine, au môle St. Nicolas.

Ils auraient été aussi, affirme-t-on, amenés ici, cette nuit pour être jugés. Sans doute par une cour militaire.

Serait-ce une rumeur ? L’opinion publique le saura certainement  par un communiqué officiel, nous voulons le croire.

Si le numéro est celui du lundi 24 avril 1961, cette nuit, donc, dont parle l’échotier serait la nuit du 23 avril. Et si les prisonniers ne sont amenés à Port-au-Prince que dans la nuit du 23 avril, cette exécution logiquement n’aurait pu prendre place, comme l’affirme Supplice, le 22 avril.

Panique, donc, vous l’imaginez, dans le camp des grecs. Je retourne donc illico à Diederich Le prix du sang. Or, voilà ce qu’il nous affirme, lui-même :

C’est le 20 avril, et par le colonel Jacques Laroche qui allait prendre le commandement des Gardes-côtes qu’il apprend secrètement la sensationnelle nouvelle (la capture au môle de Jacques et de ses compagnons). Ce dernier lui affirme également qu’une unité des Gardes-côtes avait été aussitôt dépêchée au môle.

Interviewé par Diederich, Claude Lareur qui commandait cette unité  lui déclare que ce détachement n’était nullement resté au Môle Saint Nicolas, que  les prisonniers, le jour même, et vers 7 heures du soir, étaient déjà à la capitale.

Donc le 20 avril au soir, et vers 7 heures du soir, Jacques Stephen Alexis et ses compagnons peuvent bien être déjà à Port-au-Prince.

Et toutes les rumeurs dont on fait état (visite au palais, aux casernes Dessalines etc…) aussi bien que cet enfermement préalable au Fort-Dimanche de J.S.A, dont témoigne Bernac Celestin (Je vous recommande chaudement son témoignage, il est sur internet) peuvent bien prendre place entre ce 20 avril, date de leur arrivée, et ce 22 avril indiqué par Supplice pour avoir vu leur exécution. La date, donc, comme je vous l’ai affirmé dans ma lettre ouverte, ne laisse d’être des plus plausibles.

Pourquoi suis-je mieux porté à faire confiance à Diederich qu’au rédacteur anonyme du Nouvelliste?

Premièrement. Ce dernier, nous l’avons vu, fait état d’une rumeur qui lui a été rapportée. Rien donc ne nous garantit que son informateur ne soit un peu en retard sur les faits.

Deuxièmement. Diederich se rappelle exactement les circonstances dans lesquelles cette nouvelle lui était parvenue. Il se trouvait, à ce moment, nous dit-il, au bureau des câbles de la RCA à Port-au-Prince, occupé à terminer une dépêche à l’Associated Presse concernant la réaction de la population à l’annonce de l’invasion de la Baie des Cochons quand y fit irruption le colonel Jacques Laroche  en vue de la lui annoncer.

Le contenu de sa dépêche, notez-le bien: des gens du gouvernement qui ne voulaient pas être identifiés pensaient que le régime de Castro ne pourrait pas résister à une invasion qui aurait l’appui des Etats-Unis.

Supposons qu’il se soit trompé et que ce fut le dimanche 23 et non le jeudi 20 qu’il se trouvait à ce bureau, le contenu de sa dépêche aurait-il été le même ? Je me le demande. Car, aucun doute, pour personne, à ce moment, que les forces castristes étaient sorties victorieuses de cette mémorable invasion.(le souvenir, donc, me parait assez rigoureux) 

Troisièmement. Supplice rend crédible Diederich et vice versa. Ça fait deux, madame, contre un seul rapporteur de rumeur ! Non ?

Bien à vous  

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