Autour de Romancero aux étoiles

Dit de la Fleur d’Or Ce conte retrace de façon épique l’histoire de la reine du Xaragua, Anacaona dont le nom en Taino signifie fleur d’or.

Le sous-lieutenant enchanté C’est l’histoire assez curieuse d’un revirement moral. Le revirement du sous-lieutenant originaire du sud des Etats-Unis, et raciste à souhait, Earl Wheelbarrow. Elle se situe en 1913, donc à la fin de l’époque dite des baïonnettes, et a pour cadre la région des Bassins-Coquilleaux, dans les Hauts-de-Saint –Marc. Appelé par son oncle en Haïti, pays de nègres, donc inconcevable par définition, sur la piste d’un trésor enfoui à l’époque coloniale, il tombe amoureux fou de l’esprit gardien de ces lieux, une descendante des aborigènes d’Haïti. Une Vien-Vien. Et voilà l’aventure la plus insoupçonnable ouverte à notre borné et hostile sous-lieutenant. Aventure qui le conduira à remettre en question les moindres de ses idées reçues quant au pays et ses habitants. Mieux : à jurer même un dévouement et le sacrifice le plus absolu à leur endroit. Nul étonnement donc qu’en compagnie de cette descendante des aborigènes, il sera capturé plus tard par les yankees, ses compatriotes, et fusillé sous l’accusation de haute trahison et d’intelligence avec l’ennemi. Hé oui ! cette terre est bien magique, c’est évident ! Mais plus magiques encore sont les expériences capables de nous remodeler vers plus d’ouverture aux autres !

Romance du Petit-Viseur C’est l’histoire d’un chasseur hardi qui, habitué à donner la mort, se croit seul maitre des vies et des biens. Un jour, dans la forêt, ne tenant nul compte des injonctions successives de l’oiseau de Dieu (de ne point le mettre en joue, le tirer, le ramasser, le faire cuire) il le tue, le fait rôtir et le mange. La suite lui prouvera bien qu’il aurait dû obtempérer. La morale de cette curieuse, de cette magnifique chantefable : C’est le Vieux Vent Caraïbe qui l’énonce une fois de plus: écoutez-la, je vous prie, et attentivement : Nous sommes tous frères et la vie est immortelle !…Il faut rire de ceux qui croient anéantir la vie !

Me voilà à ouvrir une fois de plus notre décevant mais plus qu’indispensable manuel ? Non ? Pourquoi pas ? C’est sa fonction, oui, son rôle, après tout ! Pourquoi, dîtes-moi, devrais-je me priver de son recours, de son salutaire éclairage ? Oui, pourquoi ? : « Romance du petit-viseur raconte les mésaventures d’un petit garçon qui voulut chasser l’Oiseau de Dieu. C’est un beau conte pour enfants ».[Histoire de la littérature haïtienne illustrée par les textes] Quoi ? Ai-je bien lu ? Ah !…Non !… Incroyable !… Mais, à tout prendre, c’est du fait exprès…ce n’est rien moins que du bousillage ! du sabotage délibéré!..résolu !…Avez-vous bien lu ? Parce que l’auteur, dans sa description rapide du personnage, parle « d’un petit bonhomme » (entendez ici, sans nul doute possible, un individu de petite taille) Il apparait pourtant évident, compte tenu de la morale d’une gravité évidente de cette fable, que le protagoniste de ce récit ne saurait être aucunement un enfant, symbole, par définition de l’enchantement devant la vie, de l’innocence suprême! Où avaient-ils donc seulement la tête, dites-moi, nos deux messieurs? Et dans quel pays précis vivaient-ils ? C’est plutôt enrageant…non ?…à la fin! Mais poursuivons, mais définitivement sans eux, cette fois-ci, ça je vous le garantis mon bonhomme !…Parole d’honneur,

Le Roi des Songes Mécontent de la part congrue faite ordinairement au rêve, de sa subordination totale à la réalité, le roi des songes s’active à préparer la Grande Révolution du rêve à laquelle fera suite l’âge du rêve comme on dit l’âge de la Pierre, du Feu, des Métaux, de l’Electricité, de l’Atome. Ce qui ne peut-être rendu possible que par la destruction même du Royaume du Rêve, son propre royaume, car, « sous prétexte que le Royaume du Rêve existe, affirme-t-il au conteur, vous acceptez de vous contenter de quelques petites évasions, de quelques petits sommeils, de quelques petits congés payés du rêve…Le Roi des Songes, lui, veut le rêve à perpétuité, c’est son métier !…. » Conte plutôt ouvert à toutes les extrapolations, me direz-vous, mais pas n’importe lesquelles. Attachons-nous, je vous prie, et au nom d’un sacro-saint droit de création du lecteur, à ne point trop malmener, trop trucider l’auteur !

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